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Un an en expatriation
31 décembre 2014

Pour Clément qui voulait en savoir plus sur la gouvernance de l'Indonésie

Dans la salle d’attente de l’hôpital SOS Medica de Bali (petit saut pour mes deux parents deux jours avant de reprendre l’avion : otite et pharyngite- il nous fallait aussi visiter cette endroit hautement intéressant), on a trouvé l’édition de novembre 2014 de La Gazette de Bali, journal francophone contenant un article sur le nouveau gouvernement tout juste formé. Je l’ai retrouvé sur internet. Bonne lecture !

"L’ombre de Megawati plane sur le gouvernement Jokowi

par Jean-Baptiste Chauvin | Edition de novembre 2014

 

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Très largement attendue pour les promesses représentées par le nouveau président Joko Widodo (Jokowi) et plusieurs fois repoussée, l’officialisation du nouveau gouvernement indonésien a enfin été rendue publique à Jakarta. Présentée comme un gouvernement de travail, cette nouvelle équipe est amenée à diriger l’Archipel pour les cinq prochaines années.

Ils sont 34, dont huit femmes. 18 professionnels et 16 politiciens. Leurs noms ont été annoncés dimanche 26 octobre, moins d’une semaine après l’investiture de Joko Widodo à la tête de la République d’Indonésie. L’annonce du premier gouvernement du nouveau président était évidemment très attendue. Elle fut néanmoins repoussée à plusieurs reprises, le temps pour la Commission de lutte contre la corruption (KPK) et le Centre d’analyse des transactions financières (PPATK) de retoquer au moins huit noms originellement inclus dans ce gouvernement et qui présentaient de forts soupçons de corruption et/ou d’atteintes aux Droits de l’Homme. Joko Widodo voulait éviter les erreurs de son prédécesseur Susilo Bambang Yudhoyono, dont les gouvernements ont vu plusieurs de leurs membres impliqués et condamnés pour corruption. C’est la raison pour laquelle il a pris la décision inédite d’impliquer le KPK et le PPATK dans le processus de recrutement des ministres.

Parmi les postes majeurs de cette nouvelle équipe gouvernementale, on trouve Retno Marsudi, première femme au poste de ministre des Affaires Etrangères et ancienne ambassadrice aux Pays Bas ; Bambang Brodjonegoro aux Finances ou Sofyan Djalil à l’Economie, un des quatre « super postes » de ministres coordinateurs. Le président Jokowi avait promis un gouvernement de professionnels, voulant mettre fin à la longue tradition indonésienne d’offrir des postes ministériels aux différents partis en échange de leur soutien. Ce voeu pieu n’a qu’en partie été réalisé, près de la moitié des nouveaux ministres étant issus des partis politiques de la coalition au pouvoir.

Sans surprise, les membres du PDI-P de l’ancienne présidente Megawati, dont Jokowi est également issu, sont les mieux représentés. Au premier rang desquels se situe Puan Maharani, la propre fille de Megawati qui hérite du ministère de la Culture et du Développement Humain, un autre des quatre super ministères de coordination. Rini Soemarno, nouvelle ministre des Entreprises d’Etat, est une confidente de Megawati alors que Ryamizard Ryacudu, ancien secrétaire général de l’Armée et nouveau ministre de la Défense, est également un membre du premier cercle de l’ancienne présidente.

La nomination de ce dernier est sans doute la plus controversée. Selon l’association pour les Droits de l’Homme, Kontras Ryamizard était en effet partisan d’une solution visant à détruire et annihiler le mouvement indépendantiste à Aceh au début des années 90. Il fut également un soutien actif de membres des forces spéciales indonésiennes (Kopassus) condamnés en 2003 pour l’assassinat de Theys Eluay, un militant pour les droits des Papous. Il fut enfin interdit d’entrée sur le territoire américain après que des troupes militaires qu’il dirigeait eurent été impliquées dans la mort de deux citoyens américains en Papua en 2002.

Cette nomination ainsi que celles des autres membres de la garde rapprochée de Megawati laissent à penser que l’ancienne présidente souhaite conserver un rôle prépondérant dans les coulisses de la présidence Jokowi et qu’elle a pris part de manière très active à la formation du gouvernement. Pourquoi le nouveau ministre de la Défense serait-il passé entre les mailles du processus de sélection, si ce n’est pour sa proximité avec l’ex-présidente, alors que deux autres anciens généraux controversés, Wiranto et Luhut Panjaitan, ont apparemment été retirés de la liste gouvernementale dans les heures précédant sa publication ?

Megawati a longtemps caressé l’espoir de se présenter à nouveau cette année, après une présidence sans relief et deux échecs consécutifs aux dernières élections présidentielles. Elle a eu la présence d’esprit de se retirer devant Jokowi. Les Indonésiens ne l’auraient pas élue. Ils ne souhaitent donc pas davantage qu’elle tire les ficelles en coulisses. Ce sera un écueil à éviter pour le nouveau président, tout comme celui de ne pas courber l’échine devant les intérêts particuliers ainsi que ceux des partis politiques.

Bien que porté par une incroyable popularité, le président Jokowi, le vice-président Jusuf Kalla et leur gouvernement auront bien d’autres défis à relever. Sans majorité au parlement, ils vont nécessairement devoir affronter ce que la politique indonésienne produit de plus néfaste, ses députés. En acceptant le compromis avec 16 ministres issus des partis politiques, Jokowi prend le risque de voir certains de ses ministres privilégier leurs intérêts politiques aux dépens de ceux du peuple indonésien.

Très vite, le nouveau président va devoir également trancher la question sensible des subventions maintenant le prix de l’essence artificiellement bas et empêchant le pays d’investir dans ses infrastructures. En augmentant le prix des différents carburants subventionnés d’environ 50%, le gouvernement pourrait compter sur 13 milliards de dollars supplémentaires d’économies dès l’année prochaine. Le nouveau ministre des Finances est un fervent partisan de la réduction de ces subventions. Mais comment les partis d’opposition et les Indonésiens réagiront-ils ?

Joko Widodo va être aussi très attendu sur les questions des Droits de l’Homme, des minorités religieuses et de l’extrémisme. En maintenant Lukman Hakim Saifuddin au poste de ministre des Affaires religieuses qu’il occupe depuis quelques mois, Jokowi envoie un signal positif. Lukman a en effet prouvé en peu de temps son efficacité sur plusieurs dossiers sensibles.

Enfin, l’ancien gouverneur de Jakarta va devoir multiplier les efforts pour endiguer le cancer endémique de l’administration indonésienne : la corruption. Présente à tous les niveaux gouvernementaux, mais aussi au sein de la police et de l’appareil judiciaire, celle-ci représente peut-être le défi le plus difficile à affronter. La révolution mentale évoquée par Jokowi pendant sa campagne ne sera pas de trop. L’ancien maire de Solo a présenté sa nouvelle équipe comme un gouvernement de travail. Elle n’en manque certainement pas. Souhaitons-lui bonne chance."

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  • Première expatriation et elle se passe en Indonésie. J'ai posé un an de congé sabbatique pour suivre mon mari avec notre fils. Ce blog est destiné à notre entourage et à tout ceux et celles qui désirent en savoir plus sur la vie d'expatriés. Bonne lecture!
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